Aucun enfant n'est à l'abri. Peu importe son milieu social. Il importe d’être très vigilant.
La parole libère.
La mise en mots sur l'impensable et l'absurde que constituent les violences sexuelles est le 1er pas vers la libération, la réparation et un mieux-être.
Parler contribue à briser le tabou au sein de la société. Parler contribue à briser le silence qui entoure l’inceste et la pédocriminalité.
Parler assainit la famille et les générations futures, mettant de côté les effets toxiques du non-dit et du secret qui empoisonnent la famille sur plusieurs générations.
«Un inceste en cache un autre» (Thouvenin dans Gabel, 1992). Quand un abus sexuel est révélé par un enfant, sont souvent révélées des violences sexuelles vécues aux générations précédentes.
Il importe d’oser parler des abus sexuels. Et informer les enfants. Inviter les adultes à en parler autour d’eux.
1 - Communication.
Communiquer est capital au sein des familles et dans les milieux scolaires.
Prendre l'habitude de communiquer avec les enfants va faciliter la confiance de l'enfant, et la possibilité qu'il vienne parler de ce qu'il vit et ressent. Il importe de lui demander comment il va, comment s'est passée sa journée. Ce qu'il a vécu d’agréable ou de désagréable.
2 - Education sexuelle.
Les sujets impliquant la sexualité sont souvent difficiles à aborder pour les adultes. Or il est primordial de parler du développement sexuel.
Le sexe est une partie du corps humain. Cela ne devrait pas être un sujet tabou.
Il importe que les parents et éducateurs parlent aux enfants de la sexualité.
Un enfant qui sent son parent mal à l’aise d’en parler risque fortement de ne pas lui en parler.
Pour en parler, il importera de:
- Se mettre à l’aise (documentations disponibles, voir bibliographie: Encyclo de la Vie Sexuelle, etc.)
- Utiliser des mots clairs, simples, accessibles à l’âge de l’enfant.
- Parler du développement sexuel. Le Développement sexuel normal de l’enfant :
- dès 6 mois : découverte du corps, toucher du sexe, érections physiologiques des garçons jusqu’a environ 2 ans
- vers 2 ans : toucher du sexe et masturbation, étape normale du développement. Il importera de dire à l'enfant de cet age qui se masturbe que c'est normal qu'il découvre son corps, que ce soit agréable, mais qu'il peut le faire quand il est seul dans sa chambre ou dans la salle de bains.
- vers 4-5 ans :
- connaissance et appropriation du corps et des organes pour connaître et affirmer son sexe
- comprendre les différences filles / garçons, ‘jeu du docteur’ (Rufo 2003)
- vers 6 ans jusqu’à 11-12 ans :
- ‘période de latence’ : moins d’intérêt à la sexualité
- investissement intellectuel, notamment à l’école
- vers 12 ans :
- début de la puberté
- masturbation
- intérêt à l’autre sexe.
Pour aller plus loin, cf. Encyclo de la Vie sexuelle. Hachette. 4-6 ans. 7-9 ans. 10-13 ans et pour les adolescents. Références dans la Bibliographie.
Il importe de parler du développement sexuel à un moment différent que la mention des agressions sexuelles, qui devrait s'inscrire quand on parle des diverses formes de violence aux enfants.
3 - Poser des interdits dans la famille et en classe. Poser l’interdit de l’inceste dans la famille.
4 - Il est recommandé d’impliquer les pères dans les soins précoces (Bensoussan, Capparos 2012) cela permet la prise de conscience de la frontière entre les corps.
5 - Travailler sur la parentalité et le nécessaire respect des rôles et places de chacun au sein de la famille
6 - Informer sur les abus sexuels. Cf. la rubrique suivante: comment en parler aux enfants.
- Parler des abus sexuels et de leurs conséquences
- Dire à l’enfant :
- Que son corps lui appartient. Lui dire que personne ne devrait toucher ou regarder son sexe ou lui demander de toucher ou regarder le sien. OU ses parties intimes, sous le bikini. Il importe de le dire aux enfants, même s'il leur est très difficile de dire NON quand l'agresseur, personne qu'ils aiment, en qui ils ont confiance et qui ont sur eux une autorité et emprise les agressent sexuellement. Il importe de ne pas insister sur le NON que l'enfant doit dire, cela peut le culpabiliser et le mettre sous pression.
- De faire la différence entre les gestes convenables et les gestes déplacés
- Qu’il a le droit de refuser un baiser ou une caresse, même venant d’une personne qu’il aime
- Qu’il y a les « bons » et les « mauvais » secrets. Les bons secrets engendrent de la joie, les mauvais secrets, de la peur, un malaise. Et qu'il faut en parler.
- Qu’il n’est pas obligé de se soumettre aux actes d’abus, même si cela est déjà arrivé
- Que vous (parent, éducateur) allez toujours le croire s’il vous en parle. Même si cela est difficile, vu que l'agresseur est dans plus de 94 % des cas, une personne proche de l'enfant et de sa famille, selon l’enquête de l'Association Mémoire Traumatique et Victimologie, avec le soutien de l'UNICEF France, en mars 2015.
- Que vous le protègerez
- De demander de l’aide et d’en parler à des personnes de confiance qui le croiront et le protégeront.
7 - Prendre le temps d’observer les enfants et de les regarder vivre. Etre vigilant aux éventuels signes. Cf. rubrique sur les conséquences/signes.
Sur le plan physique, psychologique, sur ses comportements sexuels ou sociaux. Faute de mettre en mots, l’enfant victime peut mettre ce qu’il vit en actes, ce sont les ‘mimes comportementaux’ selon Martine Nisse. Il n’est ni ‘mal élevé’ ni ‘pervers’ mais peut montrer ce qu’il subit en agressant sexuellement un autre enfant. En mimant une fellation en mangeant une banane par exemple. En se masturbant de manière compulsive et en public. Etc.
8 - Comportements manipulateurs des agresseurs :
- En parler. Dire à l’enfant qu’il n’est pas obligé de s’y soumettre et qu’il doit demander de l’aide.
- Parler d’une personne qui ferait souvent des cadeaux et demanderait de garder des secrets ou essaierait de passer du temps seul/e avec l’enfant.
Selon Nisse, Gruyer & Sabourin, «l’abuseur cherche à monnayer le plaisir qu’il prend avec la victime pour tenter l’enfant, le faire céder et pour sceller un pacte de silence».