Pedostop

Témoignage sur notre page Facebook que son auteur a appelé "Roman Noir". Avril 2013.

"Je viens partager l'histoire d'une petite fille qui a été victime d'inceste. Cette petite fille a aujourd’hui a 58ans. C'est mon histoire. Je me demandais toujours pourquoi moi, j'avais honte, j'avais peur de ce que les autres pouvaient penser de moi. Je ne voulais pas décevoir ma famille, parce que, souvent, je pensais que tout cela c’était de ma faute... et que si je n’existais pas cela ne me serait pas arrivé. Je me réfugiais souvent chez ma grand-mère, que j’aimais énormément, et chez mes tantes qui, aujourd’hui, mettent ma parole en doute.

Cela m'a pris beaucoup d'années pour que j'arrive a ne plus me sentir coupable de ce qui m'est arrivé.

Tout a commencé un soir d'orage. J'avais 11 ans ou peut-être même un peu moins. Comme tout enfant, j'avais peur de l'orage. Je suis allée, pour me réfugier, près de ma mère. Dans le lit de mes parents. Elle m'a repoussée en me disant d'aller près de mon père. La chose qui devait arriver... arriva... et ça, à coté de ma chère mère... Qui ne mérite pas que je l’appelle comme ça. Elle m’a tourné le dos suite à la lettre que j'ai fini par trouver le courage d'écrire et de lui envoyer. 

Depuis cette nuit fatidique, tous les soirs c'était le même rituel. Ca me dégoutais, mais mon cher père me disait toujours "Si tu le dis, on ne te croira pas." Un jour, j'ai dit à ma mère que je n'avais pas eu mes règles. Elle a dit, devant ma sur, "Ca y est, elle va venir nous faire un petit de qui ?", j'ai répondu "De papa". Pour toute réponse, j'ai reçu un coup de livre en plein dos. Le titre ? "Comment On Fait Les Bébés" ! 

Toutes les semaines, notre sortie dominicale était d'aller chez notre grand-mère pendant que mon père restait à la maison pour travailler. Comme par hasard, ma mère me punissait et je devais rester seule avec mon père a la maison. Pour moi, c'était comme un cauchemar éveille car je passais a la casserole. Dans son bureau. Au moment d'éjaculer, il se retirait et mettait tout dans son mouchoir, me rabrouait tout en me disait de regarder ce

que je lui avais fait faire. Puis, il me punissait en me renvoyant dans ma chambre avec interdiction de sortir.

Je pleurais tout le temps, et on m'avait surnommé la brailleuse.

Tous les soirs, je savais que mon père viendrait dans mon lit. Pour le repousser, je n'avais trouvé

qu'une chose à faire : faire pipi au lit. Eh, oui, j'ai fait pipi jusqu'à l’âge de 18ans. Bien sûr, je me faisais engueuler par ma mère.

Quand j'allais dans la salle de bains, je m'enfermais pour que je sois seule. Mon père frappait à la porte, en me disant de me presser, et ma mère frappait à son tour en me disant 

"Mais ouvre cette porte ! C’est ton père et il a le droit de rentrer quand tu es dans la salle de bains !"

Quand mon dernier frère est né, mon père est venu m'annoncer que je serais toujours sa princesse et je suis passée, une fois de plus, à la casserole. Je ne savais plus comment faire et à qui parler, vu que je me sentais

rejetée par ma mère. Vers mes 15 ans, je suis rentrée dans la salle de bain, et je me suis délibérément fracturée l'avant-bras sur le rebord du bidet. Je me suis dite que ma mère comprendrait que c'était un appel au secours. Au cours des 3 années suivantes, j'ai refait la même chose en encore trois occasions. A tel point que le médecin a trouvé bizarre que mon os se fêlé si souvent et il a décidé de m'ouvrir le bras pour voir ou était le problème. J'en porte encore la cicatrice. Mais mon appel silencieux n'a jamais été entendu. Je me retrouvais, donc, toujours seule avec mon problème.

Le soir, devant la télé, mon père avait toujours une couverture sur lui. Il fallait que je m'asseye près de lui, ma mère pas loin de nous, et il me faisait des attouchements. C’est dans son bureau qu'il allait plus loin et me violait ; et je devais me taire.

Un jour, il m'a demandé de lui faire une fellation. J'ai refusé mais il m'a forcée à le faire. J’avais mis tout ça dans un coin bien caché au fond de ma mémoire, mais, lors d’une visite chez moi, il a dit a sa petite-fille (ma fille) "Viens sous la couverture près de moi" et, là, j’ai vu rouge ! J’ai dit à ma fille "laisse ton grand-père tranquille et ne va pas l’embêter sous la couverture". Ma mère n’a pas été contente de ma réaction, mais je devais préserver ma fille avant tout. Ma mère a téléphoné à mes frères et ma sœur se plaignant de mon attitude.

J'ai vécu avec tout ça pendant des années. Lorsque j'ai rencontré mon mari, je lui ai dit

"J'ai un truc important à te dire" et il m'a répondu "Je ne veux rien savoir sur ton passé". 

A la mort de ma grand-mère j'ai fait une grave dépression. Ma fille m'a emmenée voir un psychologue et, là, elle m'a dit qu'il fallait que je me libère de tout ça. Je savais que mon père avait plusieurs maitresses, et ma question a toujours été "Pourquoi moi ?", vu qu'il avait des maitresses et, aussi, comment ma mère n’a pas bougé malgré mes appels au secours ? Elle était victime de violence conjugale mais elle a préféré sauver son mariage plutôt que sauver sa fille... Son propre sang !

Le jour que je lui ai annoncé que je devais me marier, il m'a appelé dans son bureau et m'a dit

ne le dis jamais ce que je t'ai fait, Personne ne te croira.Il savait ce pervers ce quil disait et ce quil faisait.

J'en ai enormement souffert toute ma vie. Aujourdhui je veux être heureuse, me dire que je suis une personne bien, que je peux marcher la tête haute car je n'y suis pour rien et que je suis seulement une victime. Une petite fille qui a été abusée. Une adulte dont le bonheur a ete vole.

La plupart des membres de ma famille mont rejetée. Jai des tantes qui se posent encore la question aujourdhui : qui dit la vérité ? Ma mère ou moi ?!..

Je le dis haut et fort : si jouvre la bouche, ce nest pas pour mentir ; et surtout pas sur un sujet aussi grave ! Pourquoi est-ce que je mentirais ? Non, non, cela mest bien arrivé. Cest bien triste que ce soit arrive mais mon père etait un pervers qui, malgre le fait qu'il avait plusieurs maitresses, a choisi de voler l'innocence et le bonheur de sa propre fille pour son propre plaisir."

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