Ca m'a pris 20 ans de sofa de psy et un an de guide spirituel pour arriver à relire ma vie et enfin savoir la cause de mon mal-être, de mes dépressions, de mes fonds de poubelle et surtout de ces matins où je n'avais plus envie de vivre. 20 ans à chercher au mauvais endroit, me persuadant que le manque d'amour maternel (elle ne pouvait pas nous aimer comme elle l'aurait voulu) était la cause de ce mal-être.

J'ai grandit dans une famille sans communication, sans valeur ni repère, avec un amour paternel qui se résumait à me combler matériellement.

Nulle à l'école, j'ai grandit sans estime de soi, entourée de chiens, de moutons, de cerfs et de lièvres, perchée dans les arbres ou à jouer seule au Mah Jong. Tellement timide que je jetais mes invitation de fête. Pour avoir un peu d'attention j'ai fait le pitre, ça a marché, comme j'ouvrais la bouche à la maison, on riait. J'ai adulé mon frère, toujours là pour lui rendre service afin d'avoir un peu d'amour en retour. Une sauvageonne de Rivière Noire, trop naïve, trop innocente, trop vulnérable, trop généreuse pour ce qui l'attendait.

A 14 ans, un loup déguisé en agneau est entré dans ma chambre. Mon cousin de 7 ans mon aîné, était comme un frère à la maison, faisant parti intégrante de la famille, amusant, sa présence était très convoitée, il avait toujours un public autour de lui.

A 14 ans mes sens étaient en éveil et c'est avec lui que je découvre le plaisir tout en me demandant ce qui m'arrivait. Je croyais qu'il était mon 1er amour... Dès le 1er jour de ma relation quasi incestueuse avec lui je suis rentrée dans un système fourbe et caché que j'ai entretenu parce que je croyais que c'était de l'amour. Cet amour, je voulais le garder car j'étais une mendiante d'amour et qu'il m'aidait à exister. Par la suite j'ai rencontré mon mari et j'ai commencé une tendre relation amoureuse, ouverte et officielle avec lui. J'ai vécu cette double relation avec un malaise que je ne pouvait partager à personne. Je croyais que je pouvais aimer deux hommes à la fois, telle une enfant gâtée que j'étais. Une fois mariée, j'étais de plus en plus mal, surtout par rapport à sa femme qui était une copine d'enfance. Lorsque je lui disait que je ne pouvais plus vivre cette situation, il arrivait toujours à me convaincre du contraire et à m'amadouer.

Je n'explique pas pourquoi j'ai pris plus de 15 ans pour arrêter cette relation malsaine et destructive. Je suppose que c'est parce qu'il est un champion du monde de la manipulation et moi le terrain propice et qu'il avait donc une solide emprise sur moi. Ce qui me fait le plus mal aujourd'hui c'est de réaliser qu'il a abusé de notre confiance, moi, mon frère, ma soeur et mes parents. Aujourd'hui j’apprends que ma maman était au courant de son manège mais comme elle était dépressive, on ne l'a pas prise au sérieux. Ce n'est que maintenant que je prend conscience que je n'avais pas la maturité et le discernement pour vivre cela à 14 ans et qu'il a détruit une partie de moi.

J'ai en moi de la tristesse,de la déception et de la colère. J'ai eu un choc il y a 2 ans et demi quand j'ai appris qu'il avait abusé de mes nièces et le coup de massue a été d'apprendre il y a 5 mois qu'il abusait de ma fille en même temps qu'il cultivait sa relation avec moi.

Jusqu'à tout récemment je pensais n'être qu'une garce et même si j'ai certainement ma part de responsabilité, je réalise maintenant que je suis aussi une de ses victimes et je commence à me respecter enfin.

Je vis mon histoire comme une violence que j'ai reçue et j'aimerai la restituer à son propriétaire. Je m'en veux d'avoir 'aimé' quelqu'un d'aussi abjecte et machiavélique.

J'avais reçu de lui une notion complètement faussée de l'amour, tellement que quand mon mari ne sautait pas sur moi, je trouvais qu'il ne m'aimait pas. Grâce à ce mari et à quelques proches qui cheminent avec nous, je me reconstruis petit à petit, moi, notre couple et nos enfants. Nous le vivons comme la victoire du bien sur le mal.

Le fil conducteur de mes relations avec les hommes de mon enfance, c'est bien d'avoir de l'amour à n'importe quel prix pour avoir l'impression d'exister.

J'aimerai remercier toutes les personnes qui ont été sur ma route, qui ont participé à mon éveil vers la lumière, qui m'ont aidé à identifier le mal qui était en moi et à le sortir de moi. J'aspire à une vie vraie, un amour pur avec mon mari malgré les souffrances que cela engendre toujours.